Méditation pour le deuxième vendredi de l’Avent
A l’occasion du deuxième dimanche de l’Avent, nous avons entendu le tout début de l’évangile de Marc. Il est bon d’y revenir pour laisser se déployer les conséquences du petit mot qui démarre cet évangile et qui peut paraître mineur au premier abord : « commencement »…
« Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ». Ce mot de commencement fait évidemment référence au premier mot qui ouvrait le premier Testament, le tout début de notre bible, dans le livre de la Genèse. Mais alors, le récit de Création est décrit comme le rappel d’une histoire commencée il y a bien longtemps dans le passé : « au commencement »…
Ici dans l’évangile, cela claque comme un éclair ou un coup de tonnerre qui se dit au présent : c’est maintenant que cela joue…
Accueillir la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, c’est déjà, rien que dans ce premier accueil, la révélation d’un nouveau départ, d’une nouvelle histoire, d’un nouveau chapitre dans la vie de celui qui écoute et qui s’ouvre alors… Double bonne nouvelle au final : Bonne Nouvelle qu’est Jésus lui même par son histoire, Bonne Nouvelle pour moi aussi si je choisis de l’accueillir aujourd’hui, de faire place à son histoire dans ma vie, maintenant. Promesse d’une histoire nouvelle qui commence dès maintenant.
Double bonne nouvelle qui peut venir éclairer alors le sens d’une évocation mystérieuse d’un « double » reçu de la part du Seigneur comme le rapportait le prophète Isaïe (ch 40, 1-5) : « Consolez, consolez mon peuple – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes. » Que peut signifier ce « double » ? Qui ne pense pas alors spontanément à quelque chose du genre « double dose de punition » ? Mais nous serions alors face à un dieu sadique qui prendrai plaisir à punir… Or, le Seigneur ne prend pas plaisir à nous corriger pour nous corriger ! Mais pourtant, si le Seigneur nous corrige, c’est plus que nous remettre dans un « droit chemin » : c’est effectivement désirer notre conversion (pensons à la conversion en ski : changer de direction) et nous remettre en route ensemble, immédiatement, sans délai. Double dimension alors d’un seul désir de Dieu qui se révèle : conversion et remise en route, pour être avec Lui. Avec Lui, ouvrir alors une nouvelle page de nos vies. Une page vierge, toute immaculée, ouverte à toute nouveauté venant de Lui. Alors oui, c’est effectivement le moment d’être consolé, d’être même doublement consolé : «Consolez, consolez mon peuple…» Une vraie bonne nouvelle à entendre !
Profitons de ce temps d’Avent pour (re)prendre le temps d’accueillir pleinement cette nouveauté, ce nouveau départ avec Jésus et que nous pouvons vivre dans l’aujourd’hui de chacune de nos journées. Une densité nouvelle de notre quotidien peut alors se vivre !
Dans cette dynamique, pour nous aider à vivre les jours à venir comme autant de commencements nouveaux avec Jésus, écoutons cet hymne liturgique que les moines chantent régulièrement dans la succession des offices et des jours, et qui rythment leur vie d’année en année :
1.Un jour nouveau commence, Un jour reçu de toi, Père,
Nous l’avons remis d’avance En tes mains tel qu’il sera.
2. Émerveillés ensemble, Émerveillés de toi, Père,
Nous n’avons pour seule offrande Que l’accueil de ton amour.
3. Marqués du goût de vivre, Du goût de vivre en toi, Père,
Nous n’avons pas d’autres vivres Que la faim du pain rompu.
4. Comment chanter ta grâce, Comment chanter pour toi, Père,
Si nos cœurs ne veulent battre De l’espoir du Corps entier ?
5. Le jour nouveau se lève Le jour connu de toi, Père,
Que ton Fils dans l’homme achève La victoire de la croix.
P. Xavier Jahan sj