Compagnie de Jésus

Compagnie de Jésus

Claude la Colombière (1641 – 1682) père spirituel de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, il l’aida à répandre le culte du Sacré-Cœur…

Ignace de Loyola et la compagnie de Jésus

Contrairement à une légende tenace, saint Ignace de Loyola n’était pas un militaire. Sans doute, ce jeune Basque de vieille noblesse aimait-il s’exercer aux armes et en user à l’occasion de querelles personnelles : mais lorsque vers 16 ans, il entra au service du grand argentier de Castille, puis du Vice- Roi de Navarre, ce fut essentiellement pour des activités administratives ou diplomatiques pour lesquelles il se révéla fort doué. Mais, nourri de romans de chevalerie, contemporain des conquistadors (il était né en 1491, un an avant la découverte de l’Amérique), il rêvait, comme les héros de roman, d’accomplir des exploits chevaleresques pour l’amour d’une grande dame, et de devenir, lui aussi, un héros.

Tout s’effondra le 20 Mai 1521. Le vice-roi lui avait confié une mission, une mission militaire, cette fois : défendre Pampelune, assiégée par les Français. Mais un boulet de canon lui brisa une jambe. Transporté à Loyola, dans la maison paternelle, le brillant écuyer du vice roi de Navarre n’était plus qu’un blessé impotent, qui, malgré des soins énergiques et très douloureux, restera boiteux toute sa vie.

Pour tromper, par la lecture, l’ennui d’une convalescence interminable, le blessé demanda quelques romans de chevalerie : hélas, la bibliothèque de Loyola ne contenait que 2 livres : une vie du Christ et une vie des Saints. C’est à travers ces lectures que Dieu allait lui faire découvrir quelle sorte d’exploits, Il attendait de lui. Inigo (nom de baptême qu’il changea plus tard en celui d’Ignace) constata alors que les rêveries romanesques le laissaient mécontent et triste, alors que la vie du Christ et des Saints lui apportait une grande et durable joie intérieure. C’est maintenant François d’Assise, Saint Dominique, qu’il voulait imiter en quittant Loyola en pauvre pèlerin, dès que sa santé le lui permit. Il y avait encore de la recherche de soi-même dans la générosité de ce grand dessein mais il avait découvert que Jésus était le seul roi qui méritait d’être servi : désormais son attachement à la personne du Christ sera sans faille.

 

Comme Ignace le raconta lui-même, Dieu allait continuer à l’instruire comme un maître d’école avec son élève. Ce seront les fortes expériences spirituelles de Manresa, en Catalogne, durant près d’un an, d’où naîtront les exercices spirituels, le pèlerinage à Rome et à Jérusalem, les études en Espagne et à Paris, (il en a découvert la nécessité pour un apostolat valable). Ce sera encore le groupe des premiers compagnons, dont François Xavier, que sa forte personnalité a attirés, les premiers ministères en Italie et enfin en 1540, la fondation de la Compagnie de Jésus. Les ambitions d’Ignace sont devenues celles de Jésus Lui-même : porter la Bonne Nouvelle, évangéliser, aider de toutes les manières possibles les hommes et les femmes de son temps à suivre le chemin tracé par Jésus.

Un mystique réaliste

Par les grâces et les lumières spirituelles exceptionnelles dont il a été favorisé, Ignace de Loyola est un des grands mystiques de l’Eglise. Comme Thérèse d’Avila, sa contemporaine, cette union à Dieu allait de pair avec un réalisme et un sens pratique remarquables que les années passées dans l’administration avaient encore développées. Convaincu que l’Esprit Saint travaille dans le monde au cœur de la vie des hommes, par ailleurs éclairé par Dieu sur la manière de discerner cette action de l’Esprit, celle aussi des forces du mal, il saura prendre les dispositions concrètes qui permettront de mettre en œuvre les conclusions de ce discernement. L’Esprit-Saint est créateur, inventif, surprenant ; aussi Ignace n’hésitera-t-il pas à inventer un nouveau type de vie religieuse, à changer d’avis lorsque les circonstances l’exigent. Ainsi, d’abord opposé à la fondation d’établissements scolaires qui risquaient de nuire à la disponibilité des jésuites, il modifiera son point de vue lorsque l’expérience lui aura montré le fruit apostolique que portait ce genre de ministère. Ce n’était pas de l’opportunisme, mais de la fidélité à l’Esprit Saint.

Ignace a voulu donner aux Jésuites les conditions d’une vie intérieure vigoureuse : deux années d’un noviciat exigeant au début, et une troisième année à la fin de la formation, le fameux « troisième an », adopté depuis par de nombreuses congrégations. Durant ces deux temps de noviciat, chaque jésuite consacre trente jours aux exercices spirituels. C’est un parcours spirituel, inspiré des expériences d’Ignace lui-même, qui doit amener à découvrir ce que Dieu veut pour chacun et à le mettre en œuvre d’une manière lucide et réaliste.

Les exercices ne sont d’ailleurs pas réservés aux jésuites, mais à tous ceux et celles, donc aussi aux laïcs, qui veulent discerner sérieusement ce que Dieu leur demande. Ils peuvent être donnés de bien des façons, pour s’adapter aux conditions de chacun. Certains jésuites sont spécialisés dans ce ministère, mais la plupart animent aussi des sessions d’exercices en plus de leurs autres ministères. Et aujourd’hui, beaucoup de non jésuites, religieuses, religieux et même laïcs, ont reçu une formation en vue de donner les exercices. Il en est de même pour l’accompagnement spirituel souvent demandé aujourd’hui.

Ignace avait vite compris que les gens instruits seraient peu sensibles à la parole d’un homme sans instruction. Sans hésiter, à 31 ans, il reprit le chemin de l’école. Lui et ses 9 premiers compagnons, étaient tous diplômés de l’université de Paris. C’est ce qui explique que les jésuites ont toujours accordé une grande importance au travail intellectuel : par leur longue formation d’abord, et par les ministères ensuite, dans le cadre d’universités, mais aussi de publications de livres et de revues. En France, le Centre Sèvres à Paris, facultés ouvertes aux non-jésuites, et des revues comme Études, Christus, et Croire aujourd’hui, Projet, entre autres, en sont une illustration qu’on retrouve dans tous les pays où est présente la Compagnie de Jésus.
Un homme d’Église

Ignace de Loyola et Jean Calvin se sont trouvés ensemble à Paris mais ne s’y sont probablement pas rencontrés. Deux hommes sensibles au besoin de réforme de l’Eglise. Mais tandis que Calvin quittait l’Eglise pour la réformer, c’est à partir du centre même de l’Eglise qu’Ignace voulut mener son action. En 1537, il s’installa à Rome, et avec ses compagnons, se mit au service du Pape Paul III, qui, mieux que tout autre, pouvait désigner les objectifs apostoliques les plus importants et les plus urgents. Aujourd’hui encore, la Compagnie de Jésus s’engage par vœu spécial à obéir au Pape pour toutes missions qu’il voudrait lui confier.

Le service de l’Eglise : voilà ce qui détermine le choix des ministères. Aussi, tous les ministères sont possibles et aucun n’est exclu. Certains peuvent être abandonnés ou confiés à d’autres, de nouveaux peuvent être créés. Tout cela dépend des lieux, des circonstances, des demandes des responsables ecclésiastiques, des effectifs aussi. La gestion de paroisses peut être utile dans une mission qui commence et moins utile dans une région où le clergé local est suffisant. En France, sans abandonner complètement les collèges, les jésuites y sont moins engagés mais ont développé des activités dans des milieux populaires et défavorisés.

Dès la naissance, la Compagnie de Jésus a accordé une grande importance aux missions étrangères. En 1540, avant même la fondation officielle, François Xavier était déjà en route pour l’Inde et le Japon. Et à toutes les époques, de très nombreux jésuites iront fonder de nouvelles chrétientés, parfois au prix du martyre. Les régions qualifiées de pays de mission sont toujours un cadre de travail apostolique pour de nombreux jésuites, mais justement, à cause du bon travail des missionnaires, ce sont de plus en plus des religieux autochtones qui ont maintenant les responsabilités, collaborant avec le clergé local, lui aussi assez développé pour animer les diocèses. Mais on sait bien que les pays de tradition chrétienne comportent des zones qui ne connaissent pas l’Evangile. Plusieurs jésuites, en France, travaillent dans des quartiers populaires difficiles, où la lutte pour la justice et pour une vie humaine fait partie de l’évangélisation. Il faudrait signaler aussi le travail auprès des réfugiés, dans divers pays, qui, hélas, est devenu une urgence.
Quelques chiffres

Au 1er Janvier 2004, il y avait 20 170 Jésuites dans le monde : soit 987 novices, 3052 scolastiques en formation, 14 148 prêtres, 1 983 frères, ce qui représentait une diminution de 238 religieux depuis le 1er Janvier 2003. L’âge moyen est de 54 ans, mais ces chiffres sont très différents selon les régions. L’Afrique et l’Asie, (surtout l’Inde), sont en augmentation, alors que l’Europe et les Amériques, surtout les USA baissent régulièrement. Aujourd’hui, près d’un jésuite sur 5, et un jeune en formation sur 3, sont des indiens.

La Province de France, qui comprend aussi l’Algérie, le Maroc, la Grèce et l’Ile Maurice, ainsi que le département français de la Réunion, a 580 membres, (dont 10 novices) soit 27 de moins qu’en 2003. On ne compte pas dans ces chiffres la centaine de jésuites français qui appartiennent à d’autres provinces, pour la plupart d’anciens pays de mission.

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