8 août 2012 : fête de saint Dominique

8 août 2012 : fête de saint Dominique

L’Eglise universelle fête saint Dominique le 8 août. Comme chaque année, nous vous convions à célébrer avec nous la solennité de notre saint Fondateur. Nous vous attendons nombreux à l’Eucharistie qui sera célébrée par notre évêque Monseigneur Benoît RIVIÈRE le mercredi 8 août à 10h45. Nous aurons la joie de partager ensuite avec vous le verre de l’amitié.

Saint Dominique et les moniales

Quand on pense à l’Ordre Dominicain, spontanément nous viennent des mots comme St Dominique, les Frères Prêcheurs, l’Inquisition, le Rosaire ou, à la rigueur, les sœurs enseignantes. Mais pense-t-on parfois aux moniales ? Et pourtant, ce sont elles qui, en tout premier, ont été fondées par St Dominique, avant même qu’existe une communauté constituée de frère !

C’était à la fin de l’année 1206…

A cette époque, Dominique parcourait à pied les routes du sud  de la France. Né à Caleruega, en Vieille Castille (Espagne) vers 1171, il avait fait des études sacrées aux écoles de Palencia avant de devenir, vers 25 ans, Chanoine de l’Eglise d’Osma. Très vite, sa vie est marquée d’un double accent : la prière contemplative, qui devient toute apostolique quand Dominique consacre toutes ses forces au salut des âmes.

Au cours d’un voyage où il accompagne son évêque Diègue d’Osma en mission en Dacie (Danemark), il passe par le midi de la France où sévissait l’hérésie cathare des Albigeois. Leurs erreurs le poussent à tenter de les réfuter et de gagner ces âmes au Christ et à la vérité, avec quelques compagnons. Tous deux rejoignent une mission d’abbé cisterciens mandatés par la Pape pour tenter de réduire l’hérésie languedocienne. A l’instigation de Dominique, ces légats adoptent un style dépouillé de tout apparat, allant par deux, à pied, prêchant la Parole comme les premiers disciples envoyés par le Christ Jésus. Ce fut le germe d’un mode nouveau de prédication par des apôtres itinérants et mendiants, ayant reçu leur mission du Pape et des évêques qu’adoptera le futur Ordre des Pêcheurs. Pendant dix ans, alors que la mission pontificale a pris fin depuis longtemps, Dominique va annoncer la Parole, à temps et à contre-temps, réfutant les erreurs, invitant à la conversion. Prêchant le jour, priant la nuit, il est animé du désir ardent que les pécheurs ne se perdent pas : « Mon Dieun ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ?

Il réside alors au village de Fanjeaux près de Carcassonne. C’est à proximité, dans la localité de Prouilhe, que Dominique, ayant converti quelques femmes cathares, constitua pour elles un monastère féminin, en 1206, vite approuvé par l’évêque de Toulouse. Les bases de l’Ordre encore à venir étaient jetées : les frères prêcheurs sur les routes, les moniales dans le silence et la prière de leur monastère. Peu à peu, tout en continuant à parcourir les routes et à former ses sœurs à la vie religieuse, Dominique va rassembler autour de lui des compagnons, qui formeront la première communauté de frères à Toulouse, approuvée par l’évêque du lieu en 1215. Point de départ de l’Ordre tout entier, frères et moniales, confirmé par le Pape en 1216, avec pour Règle celle de St Augustin.

Par la suite, le nombre de frères augmenta rapidement, tant en France (notamment à Paris) qu’en Espagne et en Italie (Bologne, par exemple), où ils enseignent et prêchent avec succès. En 1219, le Pape confia à Dominique la fondation du monastère des moniales romaines de Saint-Sixte : le deuxième monastère féminin était créé. Puis naîtront rapidement les monastères de Madrid (1220) et de Bologne (programmé dès 1221).

Le 6 août 1221, Dominique mourut, épuisé, à Bologne, et fut canonisé le 3 juillet 1224 par le Pape Grégoire IX. Deux chapitres généraux avaient déjà eu lieu, à Bologne, décidant de l’organisation et de l’expansion de l’Ordre.

A la mort de Dominique, quatre monastères de moniales étaient déjà créés. Ils se multiplièrent très vite dans toute l’Europe. En moins d’un siècle, sur les 18 provinces de l’Ordre, 3 seulement ne comptaient aucun monastère de moniales, et il y avait plusieurs monastères dans les 15 autres provinces.

Les premières moniales de l’Ordre avaient vu vivre, prier et prêcher leur Père et leurs frères. « Elles n’eurent pas d’autre Maître pour les former à la vie de l’Ordre » raconte la Bienheureuse Cécile, première moniale à avoir reçu l’Habit de l’Ordre des mains de St Dominique à Rome. Toutes ces moniales avaient recueilli ou reçu de la bouche du fondateur leur mission propre au sein de l’Ordre et elles l’enseignèrent à leurs sœurs, comme le firent, durant le XIIIème siècle, les Bienheureuses Diane et Cécile à Bologne et Ste Marguerite en Hongrie, et au XIVème siècle Ste Agnès de Montepulciano.

A la suite de ces premières sœurs, les moniales dominicaines s’efforcent de vivre et d’accomplir la mission voulue pour elles par St Dominique : vivre unies à Dieu et entre elles, dans le silence et le retrait d’un monastère, soutenant par leur prière, leur contemplation et leur offrande la prédication de leurs frères, et ainsi, avec eux, travailler à la gloire de Dieu et au salut des hommes.

On sait que les moniales étaient très chères au cœur de St Dominique. « Après s’être dépensé tout le jour au service des âmes, Dominique avait l’habitude de venir chez les sœurs. Là, en présence de quelques frères, il parlait à ses filles » raconte la Chronique de Saint-Sixte. Ne dit-il pas à ses frères de Bologne : « Il nous faut bâtir un monastère aux sœurs, lors même que nous devrions interrompre la construction de notre propre couvent » ?

Le lien entre St Dominique – et à travers lui et à sa suite tous les frères – et les moniales a été dès les débuts et demeure encore aujourd’hui très fort. La correspondance de la Bienheureuse Diane et du Bienheureux Jourdain de Saxe (successeur de St Dominique comme Maître de l’Ordre) témoigne de cette amitié et de cette complémentarité entre frères et moniales à l’intérieur d’un même Ordre.

La présence et le rôle des moniales dans l’Ordre des Prêcheurs étaient inscrits dès les origines dans le projet de St Dominique. Deux réalités demeuraient, inséparables, dans son cœur : sa vie profonde et intime avec Dieu et son extraordinaire souci des âmes. Ceci explique que soient nés simultanément les frères et les moniales. Tous deux ont même mission, sous deux aspects concrets différents, mais complémentaires : les frères portent au monde le fruit de leur contemplation et les moniales portent le monde dans leur contemplation. Comme le dit si bien la Constitution fondamentale de l’Ordre dominicain : « Aux frères de proclamer par le monde la bonne nouvelle du Nom de Notre Seigneur Jésus-Christ ; aux moniales de Le chercher, de penser à Lui, de L’invoquer dans le secret, afin que la Parole qui sort de la bouche de Dieu ne Lui revienne pas sans fruit. »

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